Retraite de Ramadan I

La vie des prophètes fournit l’archétype de ce voyage initiatique qu’est la khalwa. Dieu impose à Moïse une retraite de quarante nuits avant de lui parler au Sinaï, et Jonas comprend le véritable sens de sa mission dans le ventre de la baleine. Plus directement, la khalwa trouve son fondement dans les retraites fréquentes qu’effectua Muhammad dans la grotte Hirâ’, avant de recevoir la prophétie.

« L’Envoyé de Dieu commença par avoir, pendant son sommeil des visions pieuses qui ne manquaient jamais de se réaliser. Après cela, la solitude lui devenait nécessaire et il se rendait alors à la grotte de Hirâ’ pour y accomplir des actes de dévotion durant un certain nombre de nuits avant de retourner dans sa famille pour s’approvisionner et de reprendre le chemin de la grotte. Il en fut ainsi jusqu’au jour où la Vérité vint à lui alors qu’il se trouvait dans cette grotte » (rapporté par Bukhârî).

Autrefois, les règles de la khalwa étaient extrêmement strictes. Celle-ci s’effectuait toujours en état de jeûne, parfois continu sur plusieurs jours. La cellule devait être sombre, étroite et hors d’atteinte des bruits environnants. L’entrée en khalwa équivaut en effet à une entrée au tombeau. Contrairement à ce qui se passe dans la vie ordinaire, le physique et le mental doivent se taire, les sens extérieurs doivent être mis en veilleuse afin de développer les sens intérieurs.

Les premiers soufis creusaient leur tombe de leur vivant pour s’y adonner aux actes cultuels ou s’y allonger. Les Naqshbandis, soufis des territoires orientaux, pratiquent, pour leur part, la « méditation de la mort », exercice qui consiste à s’imaginer mort, enterré et en état de décomposition avancée. La khalwa est donc ce laboratoire où la mort initiatique se transmue en renaissance spirituelle : « Mourez avant de mourir », disait le Prophète.

Article rédigé et partagé par Eric Geoffroy, avec nos remerciements.

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